Publiée le 03 Mars 2000

 

Il était une fois un. soldat qui rentrait chez lui après une guerre perdue. II était tout en haillons et déguenillé. Il avait encore un long chemin à faire. Il avait mal aux pieds et son estomac criait famine,
Lorsqu'il fut trop fatigué pour faire encore un seul pas, il frappa à une porte et une vieille femme avare lui ouvrit. II lui demanda une assiettée de soupe, et elle lui cria en colère :
- Moi non plus je n'ai rien à manger et je mange des cailloux !
Le soldat renifla et sentit bien qu'elle venait tout juste de se servir quelque chose de bon. Alors il souleva une pierre qui était à côté de la porte et dit:
- Je ne demande rien d'autre qu'une soupe, faite avec ce caillou, Prête-moi une marmite et
laisse-moi cuire le caillou dans ta cheminée, Je t'inviterai à partager ma soupe,
La vieille était bien curieuse de goûter cette soupe. Elle permit au soldat de prendre une de ses marmites, de la remplir d'eau, d'y mettre le caillou et de la poser sur le feu.
Elle lui prêta même une cuillère en bois, Bientôt l'eau se mit a frémir puis à bouillir et la vapeur
emplissait la cuisine, Le soldat regardait de temps en temps la marmite, il y trempait la cuillère et goûtait. Finalement il dit:
- Ca va être une soupe délicieuse, mais elle serait encore meilleure avec un peu de sel.
- Si ce n'est que cela, dit la vielle, j'ai bien du sel. Elle fouilla derrière son buffet et en tira le pot à sel,
Le soldat jeta une poignée de sel dans la marmite, goûta et dit:
- C'est parfait, je ne pourrais l'améliorer qu'avec un peu d'orge.
- Si ce n'est que cela dit la vieille, j'ai de l'orge. Et elle apporta aussitôt un gros sac plein.
Le soldat en versa une bonne quantité dans la soupe et laissa l'orge gonfler, puis il y trempa la cuillère, il goûta encore et dit:
- Elle ne pourrait être meilleure, à la rigueur, si nous y mettions du beurre, mais qui donc a encore du beurre par les temps qui courent?
- Si ce n'est que cela, dit la vieille j'ai du beurre! Et vite elle alla chercher un tonnelet dans sa chambre. Le soldat en mit un gros morceau dans la soupe. Il tourna, goûta une cuillerée et déclara:
- Personne n'a jamais goûté une meilleure soupe! Il y a bien des gens qui l'amélioreraient avec des œufs mais peu importe, puisque nous n'en n'avons pas!
- Si ce n'est que cela, s'écria la vielle, j'ai des œufs!
Et vite elle courut à l'étable et en revint avec une corbeille pleine, Le soldat cassa cinq œufs dans la soupe et tourna vigoureusement, goûta et leva les yeux au ciel:
- C'est exquis, s'exclama-t-il, Nous pourrions la manger telle qu'elle est. Les fins gourmets disent pourtant, qu'elle est meilleure avec de la crème, mais puisque nous n'avons pas de crème...
- Si ce n'est que cela, interrompit la vielle, j'ai de la crème. Et aussitôt elle apporta une cruche pleine, que le soldat vida dans la soupe jusqu'à la dernière goutte, Puis il dit:
- Maintenant il ne manque plus que le sucre, Je ne dis pas que c'est obligatoire, mais un peu de sucre ferait ressortir le goût,
- Si ce n'est que cela dit la vieille, j'ai du sucre. Et elle tira de derrière le poêle une caisse pleine de sucre. Le soldat versa presque tout. Il fit bouillir encore la soupe et goûta une dernière fois:
- C'est prêt grand-mère, fais-moi la joie de partager avec moi cette misérable soupe au caillou.
- Bien volontiers, dit la vieille avare qui était bien aisée être iinvitée de quelqu'un.
Et ils se régalèrent tous les deux : la vieille , toute heureuse de se faire offrir la meilleure soupe qu'elle eut jamais goûtée, le soldat, enchante de déguster un délicieux repas a bon compte.

 

 

Margret et Rolf Rettich, 40 petits contes, Centurion Jeunesse


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